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Huet, Charlotte. ÒBreve tude compare
du devenir et de la circulation dÕun texte populaire: lÕhistoire de Jaufr,
son volution en Espagne et FranceÓ. Culturas Populares. Revista Electrnica 1 (enero-abril 2006).
http://www.culturaspopulares.org/textos%20I-1/articulos/Huet.htm ISSN: en trmite |
Au XVIIe sicle
Aprs un succs peu
prs identique au XVIe sicle pour la version franaise et la
version espagnole du roman de Jaufr, les deux textes vont prendre un chemin
compltement diffrent au XVIIe sicle. En effet, alors que la Crnica
de Tablante de Ricamonte
continue son parcours ditorial sans trop de changement, lÕHistoire de
Giglan et de Geoffroy de Mayence de Claude Platin disparat totalement du panorama
littraire franais.
Ë partir de la fin du
XVIe sicle, les romans de chevalerie espagnols tombent peu peu
dans lÕoubli. Leur ultime poque de splendeur correspond une priode qui va
de 1575 1590. Cependant, la littrature chevaleresque ne mourut pas
compltement puisquÕelle trouva dÕautres voies de survie : elle infiltra
deux genres littraires populaires du sicle dÕor, le thtre et le romancero.
Elle survcut galement par le biais de rcits chevaleresques brefs qui surent
sÕadapter aux gots dÕun public moins litiste. Tablante de Ricamonte ne fut pas adapt au thtre
cependant il semble quÕil ait pu faire lÕobjet dÕun romance. Il est en effet
cit dans un Ç pregn È dÕun vendeur de romances dont Bonifacio Gil
Garca nous dit quÕil fut entendu jusque 1894[1].
Dans cette chanson, le vendeur de romances propose ses auditeurs tous les romances quÕil possde, dont la
historia del Ç Tablante de Ricamonte È.
Avant de passer au
romancero, Tablante de Ricamonte se diffusa sous la forme crite dÕun
rcit chevaleresque. Mme sÕil semble quÕil ait t moins dit quÕau sicle
prcdent Ðnous possdons aujourdÕhui quatre ditions diffrentes datant du
XVIIe sicle-, il nous faut supposer une longue srie de rditions
tout au long du XVIIe sicle (lÕHistoria del emperador Carlomagno
y los Doce Pares de Francia
est dite 19 fois au cours de ce sicle !). Alors que les classes leves
rejetrent les romans chevaleresques la fin du XVIe sicle et ces
derniers tombrent compltement en dsutude au XVIIe sicle, les
rcits chevaleresques brefs, qui avaient su peu peu sÕadapter un lectorat
moins cultiv, purent continuer tre publis et lus tout au long du XVIIe
sicle. Leur structure narrative sÕadaptait parfaitement ces lecteurs
puisquÕelle tait linaire et simple suivre. Ils contenaient tous une dose
dÕexotisme, une autre de combats et une dernire dÕamour, ce qui convenait
parfaitement lÕvasion recherche par ce public : lments souvent
reprsents dans les gravures choisies pour illustrer les diffrentes ditions
et qui synthtisaient ce quÕesprait trouver le public dans le rcit. Si Tablante
de Ricamonte,
comme les autres rcits chevaleresques brefs, sÕadapta aux gots dÕun public
populaire, cÕest aussi parce quÕun facteur conomique entra en jeu. En effet,
si la littrature chevaleresque continuait plaire au XVIIe sicle
des lecteurs moins fortuns, ceux-ci ne pouvaient se permettre dÕacheter des
romans de chevalerie car ils cotaient trop cher : cÕtaient des livres
luxueux, de format in-folio, comportant de belles dcorations, de nombreuses
illustrations, un beau papier. Un roman de chevalerie cotait en moyenne cinq
reales. Les courts rcits chevaleresques taient au contraire des livres
courants avec une qualit de papier moyenne, peu dÕillustrations, un petit
format (in-4¡). La plupart dÕentre eux nÕatteignait pas un demi real. Les
diteurs ont donc concentr leur attention sur un produit commercial quÕil
tait important de maintenir un prix peu lev. Pour cela, ils mirent en
place plusieurs stratgies ditoriales. Ils nÕutilisaient quÕun papier de basse
qualit pour des Ïuvres, de toute faon brves, qui ne ncessitaient pas de
grands travaux calligraphiques. Les lecteurs de ces rcits ne se souciaient pas
de la forme donne au livre, de leurs dcorations, les erreurs typographiques
ne devaient que trs peu les dranger. DÕailleurs, les imprimeurs se servaient
souvent dÕune mme illustration pour deux rcits diffrents.
Quant aux aventures
de Jofre en elles-mmes, la Crnica de Tablante de Ricamonte ne souffre pas de grandes
modifications au XVIIe sicle. Les retouches sont plutt de lÕordre
des usages de la langue espagnole : on limine les expressions dmodes,
on explicite ce qui pourrait tre difficile comprendre, etcÉ, mais le
droulement de lÕaction suit le cours quÕil avait pris lors de sa premire
version. DÕun point de vue idologique, le poids de la religion se fait
peut-tre un peu plus sentir et il serait intressant de se pencher sur le
traitement de la matire arthurienne dans le texte. En effet, celle-ci sera peu
peu efface dans les adaptations de Tablante de Ricamonte pour la littrature Ç de
cordel È afin de prendre, sans doute, un aspect plus universel.
En ce qui concerne la
version franaise, nous ne possdons aucun document attestant lÕexistence dÕune
Histoire de Giglan et de Geoffroy de Mayence dite au XVIIe sicle. Que
devient-elle ? Sombre-t-elle compltement dans lÕoubli ? La
littrature chevaleresque survit au XVIIe sicle, en France, de deux
faons :
De manire rudite, les romans de
chevalerie sont adapts pour le thtre et lÕopra. Amadis est jou pour la premire fois
lÕopra en 1684, lÕanne suivante, cÕest au tour de Roland dÕtre mis en scne de cette
mme faon. Mais les romans de chevalerie ne font les dlices que de quelques
lites littraires. Ils nÕintressent plus vraiment.
De manire populaire, le genre
chevaleresque aura une survie nettement plus vidente et cela grce au nouveau
vhicule ditorial de la Bibliothque bleue. CÕest Troyes que Nicolas Oudot
commence diter partir de 1602 des livres bon march appels Ç livrets
bleus È cause de la couleur de leur couverture ou de leur papier. Roger
Chartier nous prcise que jusquÕ sa mort, en 1636, il publia 52 ditions dont
21 de romans de chevalerie. Les hros de ces romans sont : Hector,
Geoffroy Ç la grand-dent È, seigneur de Lusignan, Doolin de
Mayence, Maugis dÕAugremont et son fils Vivien, Morgant le gant, Artus de
Bretagne, les quatre fils Aymon, Gallien, Alexandre le Grand, Olivier de
Castille et Artus dÕAlgarbe, les chevaliers Milles et Amys, Gurin Mesquin,
Ogier le Danois, le prince Meliadus, Mabrian, roi de Jrusalem et dÕInde,
Hlne de Constantinople[2].
Nicolas Oudot nÕest pas le seul diteur de Troyes se spcialiser dans la
littrature populaire. Les petits livrets dits sont destins tre distribus
par le colportage. Les rcits chevaleresques sont vendus ct dÕouvrages de
dvotion, de fables, de facties, de livres de pratique et, partir du XVIIIe
sicle, de contes de fes. Les romans chevaleresques que les diteurs troyens
(et bientt aussi de Rouen, de Caen, de Limoges, dÕAvignon, de ParisÉ)
destinent un large public Ðaussi bien citadin que rural- ont t puiss dans
des textes mis en prose et imprims aux XVe et XVIe
sicles et qui nÕtaient en rien populaires. Nous retrouvons les rcits qui
dj taient la mode lÕpoque o Claude Platin proposait sa mise en prose
du Bel Inconnu
et de Jaufr.
La plupart dÕentre eux constitueront le fond romanesque de la Bibliothque
bleue au XVIIIe sicle. Il sÕagit de : Huon de Bordeaux, lÕHistoire de Mlusine, lÕHistoire des quatre fils
Aymon, lÕHistoire
de Valentin et Orson,
Les conqutes du grand Charlemagne, lÕHistoire de Pierre de Provence et de la belle
Maguelonne, le
Roman de la Belle Hlne,
Robert le Diable,
Richard sans peur,
Jean de Paris,
Gallien restaur.
Remarquons que plusieurs dÕentre eux eurent aussi du succs en Espagne ct
de Tablante de Ricamonte : Historia del emperador Carlomagno y los Doce Pares de
Francia, Historia
de la linda Magalona y el caballero Pierres de Provenza, Roberto el Diablo. Ce sont les textes franais que
la littrature espagnole avait traduits et adapts aux XVe et XVIe
sicles. Les diteurs espagnols de romans de cordel choisiront, au XVIIIe
sicle, les mmes genres de rcits chevaleresques offrir leurs contemporains
et travailleront de la mme faon que les diteurs franais sur les textes
quÕils proposent : il sÕagira de rduire et de simplifier au maximum
lÕapprhension du texte dit. Nous voyons que le dveloppement de la
littrature de colportage et la popularisation des romans de chevalerie
semblent avoir fonctionn peu prs de la mme faon en Espagne et en France.
Cependant, si Tablante de Ricamonte est adapt la littrature de cordel,
lÕHistoire de Giglan et de Geoffroy de Mayence nÕentre pas dans la Bibliothque bleue
franaise alors que la majeure partie des romans de chevalerie mis en prose au
mme moment que lui devinrent des classiques de la Ç littrature
bleue È. Pourquoi ?
Plusieurs suppositions peuvent nous aider comprendre
pourquoi les aventures de Jaufr ne firent pas partie de la Bibliothque bleue.
Au niveau de la forme du texte de Claude Platin : dans son Histoire de
Giglan et de Geoffroy de Mayence, Platin entrelace les aventures de deux hros. Il enrichit
donc la structure narrative de son rcit qui, de ce fait, devient trop
compliqu suivre pour un lectorat populaire. En ce qui concerne le choix fait
par les diteurs de livrets bleus pour diter tel ou tel rcit, Roger Chartier
nous prcise que Ç la prfrence est donne aux histoires, romans ou
contes, qui obissent certaines structures narratives, la fois discontinues
et rptitives, qui juxtaposent les fragments, emploient plusieurs fois les
mmes motifs, ignorent les intrigues touffues ncessitant une exacte
mmorisation des vnements ou des personnages È[3].
Or, Claude
Platin avait donn sa mise en prose lÕapparence dÕun vritable roman de
chevalerie, mlangeant deux qutes et ajoutant mme lÕaventure dÕun troisie
personnage. Il ne pouvait plus tre adapt lÕattente dÕun large public quand
les seuls rcits chevaleresques qui taient toujours apprcis taient des
rcits courts et simples de comprhension, qui ne racontaient quÕune seule
histoire. De plus, les diteurs troyens ne puisaient jamais dans les textes
originaux et mdivaux mais toujours dans les adaptations en prose et
imprimes, lÕhistoire de Jaufr nÕavait donc aucune chance dÕtre choisie pour
entrer dans la Bibliothque bleue.
Au niveau du contenu,
il est probable que le texte de Platin ne soit pas non plus trs satisfaisant
pour la littrature de colportage. En effet, le monde arthurien ne semble plus
vraiment correspondre aux gots des lecteurs. Aucun rcit de thme arthurien
nÕentre dans la Bibliothque bleue. Les diteurs prfrent proposer leur public
des textes de caractre sans doute plus universel. Ils puisent dans le folklore
(Robert le Diable,
La Belle Hlne)
et recherchent surtout des contes merveilleux (Richard sans peur, Valentin et Orson, Huon de Bordeaux) ou lgendaires (Mlusine). DÕautres rcits chevaleresques
la mode aux XVe et XVIe sicles ne seront pas non plus
choisis comme Amis et Amiles, Doolin de Mayence, É Peu de rcits piques sont accepts
dans le Bibliothque bleue. Ainsi, le texte de Claude Platin, enferm dans un
monde arthurien et la trame narrative trop complexe, ne put bnficier de la
Bibliothque bleue pour continuer son parcours ditorial.
Au XVIIIe
sicle
Le XVIIIe
sicle marque, pour Tablante de Ricamonte, son entre dans la littrature de
cordel. Bien que le XVIIIe sicle reprsente la grande poque de la
Bibliothque bleue, nous avons vu que les aventures de Jaufr ne peuvent en
faire partie. Afin de rapparatre dans le monde de lÕdition, lÕhistoire de
Jaufr devra attendre dÕtre spare de sa jumelle (lÕhistoire de Giglan) pour
entrer dans la Bibliothque Universelle des Romans.
En Espagne, la
littrature de cordel, destine une rception populaire comme la Bibliothque
bleue franaise, permit la littrature chevaleresque et dÕorigine mdivale
de ne pas disparatre compltement. Elle proposait des textes en vers (romances, canciones, coplas) ou en prose (vies de saints ou historias). Leur diffusion effectue par
le moyen du colportage, la rcitation publique et la lecture voix haute de
ces textes favorisrent une volution vers lÕoralisation. Nous avons dj vu
que lÕHistoire de Tablante de Ricamonte devait tre rcite sous la forme dÕun romance.
La plupart des rcits chevaleresques
brefs traduits ou simplement mis en prose aux XVe et XVIe
sicles entrrent dans la littrature de cordel. Ce sont : la Historia
del emperador Carlomagno y los Doce Pares de Francia (38 ditions au XVIIIe sicle
et 39 au XIXe) ; la Historia de Clamades y Clarmonda (9 ditions aux XVIIIe et
XIXe sicles) ; la Crnica popular del Cid (1 ou 2 ditions aux XVIIIe
et XIXe sicles) ; la Historia de la Donzella Theodor (2 ditions aux XVIIIe
et XIXe sicles) ; la Crnica del conde Fernn Gonzlez (10 ditions au XVIIIe
sicle et 5 au XIXe) ; la Historia de los dos enamorados
Flores y Blancaflor
(5 ditions au XVIIIe sicle , 5 au XIXe et 5 au XXe) ;
la Historia de la linda Magalona y el caballero Pierres de Provenza (6 ditions au XVIIIe
sicle, 10 au XIXe et 2 au XXe) ; la Historia de
Oliveros de Castilla y Arts de Algarve (10 ditions au XVIIIe sicle
et 18 au XIXe) ; el Libro del caballero Partinupls (5 ditions au XVIIIe
sicle et 10 au XIXe) ; el Libro del infante don Pedro de
Portugal (63
ditions jusque 1893) ; la Historia de la Ponzella de Francia (2 ditions au XVIIIe
sicle) ; Roberto el Diablo (3 ditions au XVIIIe sicle et 15 au XIXe) ;
el Libro de los Siete Sabios de Roma (6 ditions au XVIIIe sicle
et 5 au XIXe) ; la Historia de Tablante de Ricamonte y Jofre (6 ditions au XVIIIe
sicle, 14 au XIXe et au moins 1 au XXe).[4]
En entrant dans la
littrature de cordel, Tablante de Ricamonte va sÕouvrir un lectorat nettement plus
important. Alors que son parcours ditorial semble quelque peu ralenti au XVIIe
sicle (seulement quatre ditions), notre rcit va profiter de cette nouvelle
littrature grande diffusion. Les petits ouvrages que propose la littrature
de cordel, de lecture facile, sont la disposition dÕun public trs vari
dÕautant plus quÕon se les procure trs facilement. Comme au XVIIe
sicle, les diteurs continuent dÕattirer la clientle grce quelques petites
stratgies : les rcits ont conserv leur titre Ç exotique È qui
prsente le ou les hros dont on pourra suivre les aventures, ils sont toujours
prcds dÕune illustration Ç allchante È et les diteurs font
croire la nouveaut et la modernit de leur texte par rapport aux ditions
prcdentes en ajoutant sur la page de garde : Ç corregida y
enmendada en esta ltima impresin È. CÕest souvent faux, dÕune dition
lÕautre on ne corrige souvent que le langage devenu un peu dmod.
En ce qui concerne la
rception de cette littrature, difficile de savoir vraiment qui profitait de
la lecture de ces rcits populaires, le taux dÕanalphabtisme tant toujours
trs lev dans cette Espagne du XVIIIe sicle. Malgr tout, la
lecture collective tait un bon moyen de diffusion pour ce genre de
littrature. Le dveloppement de cette Ç littrature de masse È est
un phnomne urbain, le colportage permettra aux campagnes de connatre ces
lectures surtout partir du sicle suivant. Leur petit prix, leur lecture qui
ne demande que peu dÕefforts intellectuels, la facilit avec laquelle il est
possible de se les procurer favorisent leur acquisition. Lectures du peuple, il
est apparu que la femme tait souvent une grande amatrice de ce genre
dÕouvrages : Ç las mujeres formaban un contingente muy numeroso entre
los lectores de este tipo de literatura È[5].
Quant au texte de Tablante
de Ricamonte en
lui-mme, ce nÕest toujours pas au XVIIIe sicle que notre histoire
subit les plus grandes transformations. Bien que le XVIIIe sicle
reprsente lÕessor de la littrature de cordel, cÕest vraiment partir du XIXe
sicle que nous assisterons un vritable travail de synthtisation
(essentiellement) sur les rcits chevaleresques. Les ditions du XVIIIe
sicle pratiquent les mmes modifications que celles effectues par les
prcdentes rditions. Il sÕagit toujours de rendre le texte le plus
comprhensible possible pour ses lecteurs. Ce sera par la main de Juan
Rodrguez, imprimeur cordobais, dans une dition de la fin du sicle Ðqui
marque donc la transition entre le XVIIIe et le XIXe sicleÐ,
que Tablante de Ricamonte
recevra ses premires grandes modifications, annonant ainsi le processus
dÕadaptation et dÕabrviation qui sera appliqu aux rcits chevaleresques brefs
au cours du XIXe sicle.
En France, LÕhistoire
de Jaufr entre dans la Bibliothque Universelle des Romans, qui parat pour la premire
fois en Juillet 1775. Il sÕagit dÕune revue laquelle les lecteurs doivent souscrire
par abonnement. Ë lÕorigine de cette collection, se trouve le marquis de
Paulmy, bibliophile renomm et clbre homme de Lettres qui fit partie de
lÕAcadmie Franaise et de lÕAcadmie des Inscriptions et Belles Lettres.
Pourquoi dcida-tÕil de crer une revue spcialise dans une littrature
considre comme peu noble lÕpoque ? Cette dcision semble en effet
tonnante venant dÕun homme de son rang. Dans un premier temps, Paulmy sera
dÕailleurs oblig de garder lÕanonymat. Dans le prospectus de 1775, on explique
que la difficult de retrouver tous les romans proposs Ç a t leve par
la gnrosit dÕun homme de qualit, qui possde la Bibliothque la plus
complette dans tous les genres È[6].
Le marquis de Paulmy pense la Bibliothque Universelle des Romans comme une vritable encyclopdie
des romans. Il veut lui donner lÕallure de lÕEncyclopdie de Diderot qui remporte alors un
vif succs dans ce sicle des Lumires. La Bibliothque Universelle des
Romans nÕa pas
pour objectif de proposer une suite sans logique de romans. Au contraire, le
comte de Paulmy veut offrir ses lecteurs une analyse des Ïuvres choisies.
Tout dÕabord, les romans ne sont pas donns dans leur intgralit mais sous
forme dÕextraits, de Ç miniatures È qui font ressortir toute Ç lÕme È
des romans. Des notes biographiques, bibliographiques et historiques soignes
permettent de comprendre ces romans et de les replacer dans un contexte
historique. LÕobjectif du marquis de Paulmy est donc de donner sa collection
de romans un ct rcratif mais aussi didactique. Les romans rsums et
interprts sont rangs dans huit classes qui se suivent dans un mme
ordre : romans grecs et latins, espagnols, italiens (etc.) et crits en
langues orientales ; romans de chevalerie ; romans historiques ;
romans dÕamour ; romans de spiritualit, de morale et de politique ;
romans comiques et satiriques ; contes et nouvelles ; contes de fes,
romans merveilleux.
Le marquis de Paulmy va sÕentourer de
plusieurs collaborateurs dont le comte de Tressan et Bastide qui reprendra la
direction de la Bibliothque Universelle des Romans aprs le dpart de Paulmy en dcembre
1778 et jusquÕ la dernire parution de la Bibliothque en 1789. Le comte de Tressan va
sÕintresser aux romans du Moyen åge Ç au moment o il tait de bon ton
dans une certaine socit de sÕy intresser È[7]. LÕopra accueille encore des
hros de romans mdivaux comme Amadis (reprsent en 1701, 1718, 1731 et
1740), Roland furieux
(reprsent en 1717 et 1727), Berthe et Ppin (1787). DÕanciens textes sont
publis : Clomads
en 1733, Flores et Blanchefleur en 1735, Tiran le Blanc est traduit par Caylus en 1737, Aucassin
et Nicolette
renat en 1756 sous le nom de Les amours du bon vieux temps, on nÕaime plus
comme on aimait jadis.
On aime galement les romans historiques, les rcits racontant les aventures
des hros nationaux comme Bayard et Duguesclin qui sont adapts pour le
thtre. Se multiplient, courant XVIIIe, des tudes sur les mÏurs
des franais, sur la chevalerie, sur les monuments de Paris, des dictionnaires
sur le vieux langage, des tudes sur lÕancienne musique, sur les mnestrelsÉ
Ainsi les rcits mdivaux retrouvent une certaine considration au XVIIIe
sicle. On aime redcouvrir une littrature qui nÕavait survcu que dans la
Bibliothque bleue.
La seconde classe de
la Bibliothque Universelle des Romans constitue de romans de chevalerie nous intresse plus
particulirement. Si nous lisons un article publi en juin 1776 par le
Mercure de France
(revue reprsentant le plus important outil publicitaire de la Bibliothque
Universelle des Romans),
page 109, et cit par Roger Poirier[8],
nous verrons que les romans de chevalerie taient devenus trs rares, trs peu
connus au XVIIIe sicle :
CÕest cette classe que les rdacteurs
ont apport le plus de soins et cÕest dÕailleurs ce genre littraire qui semble
avoir le plus intress les lecteurs de la Bibliothque Universelle des
Romans. Les
rdacteurs de la Bibliothque Universelle des Romans divisaient les romans de
chevalerie en trois groupes : les romans arthuriens, les romans
carolingiens et les romans concernant Ç lÕhistoire dÕAmadis de Gaule et
dÕautres chevaliers de sa famille È. Le roman de Claude Platin est rsum
et analys par le comte de Tressan dans le volume I dÕoctobre 1777. CÕest le
dernier texte correspondant au cycle des romans de la Table Ronde. Tressan nous
propose lÕExtrait de lÕhistoire de Giglan, fils de messire Gauvain, qui fut
roi de Galles ; et de Geoffroy de Mayence, son compagnon, tous deux
chevaliers de la Table Ronde ; nouvellement translate du langage espagnol
en franois, Lyon, chez Claude Nourri, dit le Prince, in quarto, gottique, sans
date. (Debure prtend quÕil a t imprim en 1530). Il commence par parler de Claude Platin
puis rsume Giglan en
31 pages et Geoffroy de Mayence en 18 pages. Suivent une discussion et un rappel Ç des
romans arthuriens dont il a t question jusquÕici È. Le comte de Tressan
ne connat des deux rcits que la version de Platin et il justifie ainsi sa
dcision de sparer les deux histoires entrelaces :
Ç Certainement
M. Platin pouvoit mieux employer son temps quÕ confondre deux histoires qui
nÕont proprement aucune relation ensemble, et qui ne sont dÕailleurs pas fort
instructives ; il les a si bien brouilles que les aventures de Giglan qui
tiennent la Table Ronde sont mles de celles de Geoffroy de Mayence, qui ne
devroient pas y tenir ; et que le lecteur, dans son livre, passe tout
instant dÕun sujet lÕautre sans pouvoir y rien comprendre. Nous avons
travaill dmler tout cela pour quÕil ft possible de sÕy reconnotre, et
nous allons extraire les deux histoires lÕune aprs lÕautre È.
Le premier rle du
rdacteur de la Bibliothque Universelle des Romans est de proposer ses lecteurs des
textes intelligibles. videmment, la forme donne par Claude Platin aux rcits
de Giglan et
de Geoffroy de Mayence
sÕoppose cette exigence. Le roman de Platin demande une lecture trop
attentive pour le public de la Bibliothque Universelle des Romans. CÕest dÕailleurs la raison pour
laquelle le roman de Platin nÕavait pu entrer dans la Bibliothque bleue. Ce
nÕest que cinq sicles aprs leur naissance que les deux rcits du Bel
Inconnu et de Jaufr sont enfin spars lÕun de
lÕautre (aprs une alliance de deux plus de deux sicles !) et ce nÕest
que de cette manire quÕils pourront nouveau revivre aux yeux des lecteurs
franais. La Bibliothque Universelle des Romans ne propose que des
Ç miniatures È de textes, lÕhistoire de Jaufr est rduite 18
pages, elle est donc extrmement condense. Le marquis de Paulmy nous avait
prvenu dans le premier roman de chevalerie publi en 1775, ce seront surtout
les Ç dtails de bataille È qui seront supprims dans les romans. Les
lments conservs sont en gnral ceux qui dveloppent de manire implicite
les thmes de la famille, de la religion, du pouvoir politique. Muriel Brot
nous dit bien que Ç comme les Ïuvres du XVIe sicle ont t
remanies pour plaire de nouveaux lecteurs, les rcritures sont donc
ds leur naissance subordonnes au got et aux conceptions idologiques dÕun
public donn È[9].
Nous avons dj vu que le marquis de
Paulmy visait avec la Bibliothque Universelle des Romans un public similaire celui de
lÕEncyclopdie,
cÕest--dire un public ais et curieux intellectuellement. Cependant, Roger
Poirier nous rappelle que le genre du roman est mpris dans les cercles
philosophiques et encyclopdiques. De plus, si les lecteurs de lÕEncyclopdie sÕintressaient aux romans, ils
prfraient les acheter dans une dition complte. Alors qui lisait rellement
la Bibliothque Universelle des Romans ? Il sÕagit tout de mme dÕun public sans
souci matriel puisque lÕabonnement tait Ç inaccessible la bourse dÕun
ouvrier de lÕpoque. Quand celui-ci savait lire il devait se contenter des
livres de colportage de la Bibliothque bleue È[10].
Ce nÕest pas un public populaire, ni un public dÕintellectuels mais plutt un
public correspondant de gros commerants ou des hommes travaillant dans la
finance, des personnes qui, selon Roger Poirier, Ç ne possdaient ni
lÕducation ni le bagage littraire ou critique pour se montrer exigeants sur
le contenu littraire des textes quÕon leur prsentait È.[11]
Comme la littrature de cordel en
Espagne, la Bibliothque Universelle des Romans tait trs apprcie des femmes issues
de la bourgeoisie qui trouvaient sans doute dans sa lecture un moyen agrable
de se divertir de leur vie souvent monotone.
Aux XIXe
et XXe sicles
Au XIXe
sicle, Tablante de Ricamonte trouve la forme qui lui va le mieux, il sÕadapte pleinement
au public populaire pour lequel il semble avoir t fait depuis toujours. CÕest
sous son aspect sans doute le plus vulgaire quÕil attirera dÕailleurs
lÕattention des rudits et des hommes de lettres des XIXe et XXe
sicles.
La France nÕa pas t
aussi fidle que lÕEspagne ce chevalier n dans une langue occitane. Claude
Platin, pensant certainement sauver de lÕoubli deux pomes mdivaux, nÕa
finalement pas vraiment aid le roman de Jaufr suivre un parcours semblable la
destine espagnole du Tablante de Ricamonte. Il est impossible dÕen tre sr cependant
je suppose fortement que si Jaufr avait t mis en prose sans tre accol au Bel Inconnu, il aurait suivi le devenir
dÕautres rcits mdivaux comme Huon de Bordeaux ou Robert le Diable. Il serait ainsi peu peu
devenu, comme Tablante de Ricamonte en Espagne, un Ç classique È
de la littrature populaire. Cependant, Geoffroy de Mayence nÕa jamais subi de vritable
vulgarisation et il sera transform au XIXe sicle en un livre de
luxe recherch par les collectionneurs.
Ç Avec
lÕextension de la pratique de la lecture parmi des couches plus larges,
notamment rurales, et avec la massification de la production imprime, la
littrature de cordel connat partir de 1840 un vritable succs et une
grande diffusion È[12].
Les pliegos de cordel
et les Historias
en prose qui en font partie prennent au XIXe sicle la forme
dfinitive qui leur est donne par les diteurs de littrature populaire. Ce
sont des petits livrets de format in-4¡ (parfois in-8¡) imprims sur du papier
de basse qualit et au nombre de pages limit (entre 2 et 6 pliegos, ce qui
correspond un nombre de pages qui va de 16 48). Leur couverture de papier
est toujours de couleur, souvent bleue, parfois rose, jaune, orangeÉ Ils
peuvent comporter plusieurs illustrations, sÕils nÕen possdent quÕune, elle
sera place sur la premire page. LÕamlioration de la qualit des gravures est
manifeste tout au long du XIXe sicle. Ces cahiers, vendus un prix
modique, se diffusrent dans lÕEspagne tout entire et bien que destins une
lecture populaire, ils circulrent dans presque toutes les classes sociales. La
forme ditoriale du Tablante de Ricamonte connat, au cours du XIXe
sicle, une srie de changements : il passe une nouvelle graphie puisquÕil
est maintenant imprim en lettres romanes ; son format se stabilise en
in-4¡ ; son nombre de pages commence se rduire : Rafael Garca
Rodrguez le dveloppe en 64 pages puis, dans les dix dernires annes du XIXe
sicle et dans des imprimeries barcelonaises et madrilnes, le rcit de Tablante
de Ricamonte est
fix trois pliegos, cÕest--dire 24 pages et est dot de trois
illustrations.
Nieves Baranda[13]
relve de cette manire les premires rductions effectues par Rafael Garca
Rodrguez : de nombreux pisodes sont rsums, Ç reducidos a sus
puntos ms esenciales mientras que se mantiene un desarrollo ms amplio en los
momentos que se consideran de mayor inters o dramatismo È. De plus, tous
les pisodes ne sont pas conservs : Ç se eliminan una de las
acciones amorosas, una de las visitas al castillo de Tablante y uno de los
enfrentamientos a lo diablico È. Tous ces lments sacrifis devaient
permettre au Tablante de Ricamonte de sÕaccorder aux exigences populaires.
Tablante de Ricamonte circula jusquÕ lÕaube du XXe
sicle dans son dition populaire de cordel, il ne fut pas rdit dans des
ditions plus nobles, plus luxueuses, comme le furent quelques rcits
chevaleresques comme Oliveros de Castilla par exemple. CÕest en tant que livre populaire que Tablante
de Ricamonte
sÕest fait connatre et cÕest dÕailleurs sous cette forme quÕil attirera
lÕattention des rudits, comme bien sr Menndez Pelayo, mais aussi des hommes
de lettres : Nieves Baranda[14]
nous rappelle que dans leurs articles publis en commun entre 1892 et 1893 dans
la Caricatura,
les frres Machado adoptaient le pseudonyme de Ç Tablante de
Ricamonte È. LorsquÕen 1907 Bonilla y San Martn intgre le texte de Tablante
de Ricamonte
dans son livre sur les libros de caballeras, il le fait renatre dans son dition de
1564. Cette primitive mise en prose coexistera encore quelques annes avec sa
forme populaire.
En France, la Bibliothque Universelle des Romans disparat en 1789. En 1802, elle
renat avec un nouveau directeur, Maradan. Cependant, Geoffroy de Mayence nÕest pas choisi pour en faire
nouveau partie. Cette Bibliothque Universelle des Romans publie de nouveaux romans. Dans
les deuxime et troisime tomes, elle propose un roman traduit du castillan, Flores
et Clario, et un
roman traduit de lÕanglais, Le revenant de Tauntville. Nous le voyons, la Bibliothque
Universelle des Romans
a chang de registre, ce ne sont plus les rcits de thme chevaleresque qui
lÕintressent. DÕailleurs, en 1808, la Bibliothque disparat pour renatre sous un autre
titre, Ç correspondant mieux son contenu qui lui-mme est plus en
rapport avec le got du temps. Elle publie des Ç Petites nouvelles È
indites ou peu connues et devient : les Mille et une Nouvelles È[15].
Geoffroy
de Mayence perd
son vhicule ditorial populaire ou semi-populaire. DÕailleurs, la mode nÕest
plus aux histoires chevaleresques mais aux romans sentimentaux et dÕaventures
comme Paul et Virginie
de Bernardin de Saint-Pierre, Robinson Cruso de Daniel de Foe, et tant dÕautres
aujourdÕhui oublis. Ils sont souvent dcoups en plusieurs volumes et ensuite
vendus comme petits livres par colportage. Ë partir de 1830, ce seront les
romans-feuilletons qui feront les dlices de ces lecteurs de classe moyenne.
Ainsi,
les rcits chevaleresques et dÕorigine mdivale, remplacs par le genre romanesque
(surtout le roman historique), nÕont plus leur place dans un milieu
populaire ; seuls les collectionneurs leur trouveront un attrait.
Ds le XVIIIe sicle, les premires ditions des
romans de chevalerie mis en prose aux XVe et XVIe sicles
sont recherchs par des collectionneurs. Notre rcit nÕchappe pas cette
Ç mode È aristocratique, lÕHistoire de Giglan et de Geoffroy de
Mayence de
Claude Platin se retrouve dans les bibliothques dÕhommes rudits et cultivs.
Joan Lindblad nous rappelle que Brunet et Graesse nomment plusieurs grands
bibliophiles ayant possd une copie de notre ouvrage : par exemple, La
Vallire, Gaignat, Heber, le Prince dÕEssling, Cigongne. Ç However it was
collected for its rarity rather than its literary value È[16].
Ë ct de ces exemplaires qui circulent dans les milieux
rudits, une nouvelle histoire de Jaufr fait son apparition la fin du XIXe
sicle. En 1856, paraissent Les aventures du chevalier Jaufre et de la belle
Brunissende
publies dans une srie de livres dÕtrennes. Elles sont dues Mary Lafon et
sont inspires, cette fois-ci, du texte provenal rpandu par la rcente
dition de Raynouart[17].
De format in-8¡, elles sont illustres de 20 gravures dessines par Gustave
Dor. Vendues pour la premire fois 7 francs 50, deux autres ditions plus
luxueuses seront vendues 20 francs puis 45 francs. Le mme rcit sera
rdit vingt ans plus tard, en 1876, sous le titre : Le chevalier noir. Il sera toujours accompagn
dÕillustrations de Gustave Dor.[18]
Ces nouvelles aventures de Jaufr font partie dÕune srie de
livres de luxe recherchs par les collectionneurs. DÕautres rcits mdivaux
seront ainsi radapts aux XIXe et XXe sicles dans des
ditions luxueuses. LÕHistoire des quatre fils Aymon, par exemple, parat en 1883
accompagne dÕillustrations de E. Grasset. En 1909, elle est nouveau dite
avec cette fois-ci des illustrations de Robida. LÕHistoire de la belle
Mlusine,
reprenant lÕdition de 1470, est dite en 1923. Elle renferme 62 planches dont
8 en couleurs.
Les
aventures de notre chevalier de la Table Ronde ne bnficirent donc pas des
mmes opportunits en Espagne et en France. Le Tablante de Ricamonte espagnol sut mieux sÕadapter aux
formats de la littrature populaire, qui lui permirent de survivre jusquÕ
lÕaube du XXe sicle. CÕest en effet sous sa forme la plus humble
que Tablante de Ricamonte
se fit connatre et apprcier de tous. CÕest racontes dans un texte court et
simplifi que les aventures de Jofre, de Tablante de Ricamonte et de Bruniesen
sÕenracinrent le mieux dans lÕimaginaire du peuple. La version franaise
nÕobtint, finalement, quÕun succs modeste. Enferme dans le carcan cr par le
rcit de Claude Platin, elle nÕentra pas dans le corpus de la Bibliothque
bleue et la Biblothque Universelle des Romans ne put lui offrir quÕune brve
rapparition, limite aussi bien dans le temps que dans la forme qui lui tait
donne. Ce nÕest que transforme en livre de luxe que lÕhistoire de Jaufr
pourra retrouver le destin des autres rcits chevaleresques, convertis en
livres recherchs par les collectionneurs. Notons, enfin, que le destin de ce
bref rcit arthurien ne se limite pas aux deux pays tudis puisquÕil fut
galement intgr (quelques pisodes seulement) dans un livret populaire
portugais du XVIIIe sicle attribu Antnio da Silva. En 1902, une
version en tagalog (versifie) de lÕhistoire de Tablante de Ricamonte et de
Jofre est publie Manille. De mme, lÕadaptation de Mary Lafon fit lÕobjet de
deux nouvelles adaptations, anglaise et amricaine, qui transformrent en conte
de fe destin aux enfants les aventures de Jaufr et de la belle Brunissende.
[1] Cancionero
popular de Extremadura, coleccin, estudio y notas de Bonifacio Gil
Garca, tomo primero, segunda edicin, Publicaciones de la Excma. Diputacin de
Badajoz, 1961.
[2] Roger Chartier,
Lectures et lecteurs dans la France dÕAncien Rgime, Paris, 1987, p. 110.
[3] Roger Chartier,
Histoire de lÕdition franaise, t. II, Le livre triomphant :
1660-1830,
ed. Promodis, Paris, 1984, p. 505.
[4] Selon les
chiffres proposs par Nieves Baranda : Ç Compendio bibliogrfico
sobre la narrativa caballeresca breve È, in Ma Eugenia Lacarra
(ed.), Evolucin narrativa e ideologa en la literatura caballeresca, Universidad
del Pas Vasco, Bilbao, 1991, pp. 183-191.
[5] M» Cruz Garca de Enterra, Literaturas
marginadas,
Playor, Madrid, 1983, p. 103.
[6] Martin Angus, La
bibliothque universelle des romans, 1775-1789 : prsentation, table
analytique et index, The Voltaire Foundation at the Taylor Institution, Oxford,
1985, p. 6.
[7] Roger Poirier,
La Bibliothque universelle des Romans. Rdacteurs, Textes, Public, Droz,
Genve, 1977, p. 17.
[8] Id., p. 41.
[9] Muriel Brot, La
rcriture des contes et des nouvelles du XVIe au XVIIIe
sicle dans la Bibliothque universelle des romans (1775-1789), thse de
lÕuniversit de Montpellier, 1990, n¡ identification : 90 MON 30006, p.
239.
[10] Roger Poirier, La
Bibliothque universelle des Romans, p. 109.
[11] Id., p. 117.
[12] Jean Franois
Botrel, Ç Les aveugles colporteurs dÕimprims en Espagne È, Mlanges
de la Casa Velzquez, IX, 1974, p. 276.
[13] Nieves Baranda,
Ç La lucha por la supervivencia. Las postrimeras del gnero
caballeresco È, Voz y Letra, VII/2, 1996, p. 175.
[14] Id., p. 177.
[15] Henri Jacoubet,
Le comte de Tressan et les origines du genre troubadour, PUF, Paris,
1923, p. 390.
[16] Joan Lindblad
Kirsop, Ç Claude Platin, vir obscurissimus inter obscuros È, Australian
Journal of French Studies, 17, 1980, p. 115. Voir galement la note 34 p.
92 pour les rfrences des exemplaires ayant appartenu M. Louis Jean Gaignat,
M. le duc de la Vallire et Richard Heber.
[17] Raynouard, Choix
des posies originales des troubadours, t. II, Paris, 1817.
[18] Georges
Vicaire, Manuel de lÕamateur de livres du XIXesicle :
1801-1893,
A. Rouquette, Paris, 1894-1920, vol.2, cols. 884 et 885.